Pour la rentrée, une conférence intéressante mais très dense et jargonnante que la beauté de la langue italienne peut compenser.
Conférence à visionner sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=4PUdF9RHzqw Sur le diagnostic en psychothérapie et les différentes conceptions de la psychopathologie G. Franchesetti En psychothérapie Gestalt, nous avons des diagnotics externes : le DSM, les types psychologiques de Jung et les autres catégories qui sont des diagnostics extrinsèques qui reposent sur le rapport entre ce que je vois et un modèle extérieur. Le diagnotic intrinsèque ou esthétique est le diagnostic de la qualité de présence ou d'absence qui se produit dans l'ici et maintenant. Je me réfère à mes sens quand le patient et moi sommes présents l'un à l'autre et la psychopathologie en termes gestaltistes est l'absence parce que la santé est une présence pleine et entière. C'est différent de l'idée de la médecine dans laquelle la santé est l'absence de douleur. Parce qu'en psychopathologie, l'absence de douleur est aussi une pathologie : l'anesthésie. Et c'est une situation pathologique. Etre « sain » au sens gestaltiste signifie être pleinement présent avec nos sens, à ce qui arrive dans la situation du moment. La Psychopathologie se décline donc comme une absence. Sur la relation thérapeutique et le rapport au passé, comparé entre la Gestalt-thérapie et la psychanalyse M Spagnuolo-Lobb Les fondateurs de la Gestalt-thérapie étaient tous psychanalystes. En réalité, c'est une réédition des concepts de transfert et de contre-transfert qui sont centraux dans la relation thérapeutique. Nous devons remercier Freud pour avoir focalisé l'attention de l'analyste sur ce qui arrive entre le thérapeute et le patient. Mais dans une approche phénoménologique, à la différence d'une approche analytique, nous nous occupons de l’expérience actuelle du patient et du thérapeute. C'est pourquoi lorsqu'un patient dit au psychothérapeute : vous me rappelez mon père parce qu'il a une barbe : ta barbe me rappelle mon père, cela n'est pas pour nous un moyen d'analyser le passé du patient. Le passé nous intéresse mais dans la façon dont il s'actualise dans le présent. Donc nous nous demandons de quelle façon le patient cherche-t-il à me dire quelque chose, à moi, le thérapeute. Dans cet instant non pas ce qu'il n'a pas dit à son père ; non pas ce qu'il devrait dire à son père mais ce qu'il voudrait dire en étant conscient de la différence que porte cet instant, de sa nouveauté. Donc c'est c'est dans l'ici et maintenant que vient le changement, ce n'est pas en analysant le passé, pas en cherchant pourquoi le patient évoque tel élément du passé, c'est en regardant comment cet élément du passé l'amène à former une gestalt. Autrement dit, le présent est l'occasion de clore d'une façon nouvelle quelque chose qui est resté ouvert dans le passé. Sur le rapport au ressenti et l'implication du psychothérapeute G. Franchesetti Que rencontre un patient lorsqu'il entre dans le cabinet d'un gestaltiste ? Il rencontre un thérapeute qui a les sens en éveil à ce qui advient . Qui met l'accent sur le ressenti corporel et au vécu du patient plutôt que sur des catégories de classification préconçues, qu'elles soient de type sémiotiques ou herméneutiques. Son orientation est donc esthétique. Il rencontre un thérapeute qui s'implique car ce n'est pas seulement le ressenti et le vécu du patient mais ce sont aussi mon ressenti et mon vécu qui sont en jeu. C'est donc un thérapeute impliqué. Le thérapeute soutient ce qui émerge de l'intentionnalité du patient, la souffrance nait dans la distorsion de l'intentionnalité. Cela veut dire que l'on est en vis à vis, que l'on peut se déplacer. Cela signifie que ce sont des expériences de type corporelle, qui ont a voir avec la distance, la proximité. Cela signifie que l'on peut se toucher mais dans le sens où ces expériences corporelles visent toujours à soutenir une plus grande présence du patient à la frontière-contact. Une conception de la frontière-contact parmi d'autres Pietro-Andrea Cavaleri Pour comprendre la psychanalyse, on doit faire référence à l'inconscient. Pour comprendre la Gestalt-thérapie, on doit faire référence au concept de frontière contact. L'inconscient est à la psychanalyse ce que la frontière contact est à la gestalt-thérapie. Mais qu'est ce que la frontière-conctact ? La frontière contact, selon Perls, n'est pas quelque chose de transcendantal ou de métaphysique, c'est quelque chose de très concret. C'est la peau, c'est la limite qui contient l'organisme et qui fait frontière avec ce qui n'est pas l'organisme, c'est à dire avec l’environnement. Cette limite est le ENTRE qui unit et qui sépare à la fois le corps et ce qui est à l'extérieur du corps. La peau, cette limite, ce « entre », est le lieu du mental c'est le lieu où selon Perls naît et s'organise le psychisme humain.Tout ce qui arrive à la frontière du moment où l'organisme se constitue jusqu'à la fin de nos jours, ce qui arrive là, cette organisation de l'interne et de l'externe, des expériences proprioceptives et perceptives, tout cela est à l'origine du psychisme humain. Lla façon dont tout cela s'organise détermine la santé mentale, la vie psychique, la souffrance psychique, détermine aussi la cure, la thérapie. Le champ phénoménologique dans la situation psychothérapique G. Franchesetti Le rapport au monde du patient et le rapport au monde du psychothérapeute co-construisent une réalité phénoménologique, c'est à dire à la fois réelle et changeante dans l'espace relationnel thérapeute-patient. Un autre exemple : si un patient arrive avec expérience dépressive, ce champ dépressif émerge dans l'espace thérapeutique : le temps ralentit, l'espace se dilate, et entre nous survient cet aspect essentiel du champ dépressif : le psychothérapeute et le patient ne se rejoignent pas. Ils vivront ici et maintenant l’inaccessibilité à l'autre. De là commence le voyage thérapeutique. Ce qui arrive est ce qui s'actualise. En ce sens la psychothérapie gestaltiste est phénoménologique parce qu'un phénomène émerge qui est le champ relationnel dans l’espace thérapeutique On dit parfois que la phénoménologie s'occupe de ce qui apparaît. Mais attention ce qui apparaît peut avoir deux sens : Un spatial, un temporel. Si je parle de ce qui apparaît dans un sens spatial, je dirais que vous pouvez voir ma chemise et non ma peau c'est à dire, seulement la couche extérieure. Mais à mon avis, ce n'est pas le sens de ce qui apparaît en phénoménologie parce que le sens originel du mot phénomène est ce qui apparaît quand nous nous tenons près du phénomène lui-même. Cela introduit la dimension temporelle. Ce qui apparaît dans un sens temporel, c'est ce qui prend vie, ce qui s'actualise, ce qui pousse et en ce sens qui apparaît. Accompagner, traverser l'expérience M Spagnuolo-Lobb Je crois que les méthodes et les théories sont comme des vêtements que l'on choisit au début de sa formation pour parvenir à un objectif commun.Je crois qu'un gestalt-thérapeute peut affronter et doit pouvoir affronter n'importe quel type de pathologie. Mais il est clair que l'approche que l'on a permet de clarifier certains désordres, au moins au début elle les rend plus familiers. Clairement ce n'est pas une formation nosographique. Travailler avec des troubles sévères dans l'instant présent comme nous le faisons, sur l'aspect esthétique demande une grande expérience. Alors que la formation psychiatrique, de type nosographique, rend le diagnostic plus facile parce qu'il se réfère à des critères externes. Pour nous le diagnostic nécessite une DIA GNOSE, c'est à dire une traversée de la connaissance qui nécessite une grande expérience du thérapeute.Pour nous tout passe à travers l'expérience, y compris celle du thérapeute. Traverser l'expérience psychotique, l'expérience borderline, est moins simple pour un thérapeute, dans la mesure où le thérapeute possède une structure névrotique. On peut ainsi distinguer ce qui plus simple au début de la formation. Mais il est clair que lorqsque le thérapeute traverse une connaissances des souffrances les plus graves, de type psychotique ou borderline, les possibilités données par l'approche phénoménologique et esthétique sont beaucoup plus grandes que dans l'approche nosographique parce qu'elle permet de se cramponner à cette personne là, ce qui est beaucoup plus efficace. C'est efficace aussi pour le thérapeute qui est plus satisfait et moins exposé au burn-out parce qu'il trouve dans la rencontre thérapeutique une motivation existentielle à accompagner la souffrance du patient pour la transformer en beauté. Strasbourg 2017 Gianni Francesetti est psychiatre, psychothérapeute gestaltiste et président de l’EAGT (European Association for Gestalt Therapy). Il exerce en Italie et a dirigé la mise en œuvre de l’ouvrage collectif « Psychopathologie en Gestalt-thérapie », paru en octobre 2013 aux Éditions de l’exprimerie. Il est spécialisé dans les dépressions, il a publié « l'absence est le pont entre nous. Gestalt-thérapie des expériences dépressives » et porte un regard empreint de sociologie sur la psychopathologie que l'on retrouve notamment dans son ouvrage « attaque de panique et postmodernité » Margherita Spagnuolo-Lobb est psychologue et psychothérapeute gestaltiste. Elle dirige, en Italie, l’Institut de Gestalt HCC. Elle est spécialisée dans les troubles de la personnalité, elle a publié « travailler avec des patients sévèrement perturbés » Pietro-Andrea Cavaleri est psychologue et psychothérapeute gestaltiste, également présent à l’Institut de Gestalt HCC.
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AuteurPierre-André Beley, psychosociologue et Gestalt-thérapeute, praticien en psychothérapie à Strasbourg. Archives
Septembre 2023
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