De la bousculade aux insultes jusqu'aux agressions physiques, le harcèlement scolaire a de nombreux visages. Les agressions à répétition vont définir pour l'Education Nationale, le harcèlement envers une victime, qui se trouve isolée face à ses agresseurs.
Une mise à l'écart volontaire d'un élève à qui personne ne parle peut aussi être considérée comme du harcèlement, tout comme les insultes ou la diffusion de rumeurs sur les réseaux sociaux. Souvent les victimes se réfugient dans le silence par peur soit de décevoir les adultes, parents ou enseignants ou de les voir intervenir et aggraver ainsi la situation. Un sentiment de honte s'installe généralement et peut venir entamer dans la durée l'estime de soi et perturber les relations aux autres. Plusieurs pistes ont été testées pour lutter contre le harcèlement. La plus ancienne consistait à punir le harceleur. Mais les conséquences n'étaient pas celles espérées : d'une part, la réputation de l'élève "bourreau" se voyait renforcée, faisant de lui un "caïd" et d'autre part, l'élève "victime" s'exposait fréquemment à des représailles. Cela a longtemps favorisé un silence généralisé sur la question. Les tentatives plus compréhensives de faire comprendre à l'enfant maltraitant la souffrance qu'il inflige à son camarade sont restées tout autant insatisfaisantes. En effet, le "caïd" n'est pas seulement guidé par une volonté de nuire, il cherche, peut-être même avant tout, à se faire voir, à se faire respecter des autres et devenir populaire. Ce dernier point a pris pour les jeunes générations une importance primordiale et cela éclipse, et de loin, les préoccupations morales et empathiques. Que reste-t-il donc pour aider les victimes? Puisque ni la compréhension, ni la répression n'ont donné de résultats probants, la piste actuelle tend à privilégier des actions sur les témoins plutôt que sur les agresseurs. Les finlandais ont développé des sensibilisations, des ateliers, des formations pour les jeunes et les adultes pour pousser la majorité silencieuse à sortir de la passivité, afin de lutter contre la violence scolaire. Deux autres options sont aussi pratiquées en France : - tenter de faire prendre conscience aux harceleurs les conséquences de leurs actes, sans les accuser ou leur faire la morale. - soutenir les enfants harcelés et les accompagner afin qu'ils puissent développer leurs propres ressources pour tenir tête à leurs persécuteurs. Ce qui est déjà un premier pas pour sortir d'une position d'oppression. Tour d'horizon plus complet et bibliographie dans Sciences Humaines n°30
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AuteurPierre-André Beley, psychosociologue et Gestalt-thérapeute, praticien en psychothérapie à Strasbourg. Archives
Septembre 2023
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