Ces dernières années, plusieurs études ont montré un lien entre sentiment de solitude et les réseaux sociaux. Mais il faut être prudent car corrélation n'est pas causalité. La corrélation établit un lien statistique entre des évènements qui n'ont pas nécessairement de rapport entre eux et en tout cas, pas forcément de rapport de cause à effet. Coluche en donnait avec humour une belle illustration en disant qu'il ne fallait pas surtout pas aller à l'hôpital quand on est malade parce que le risque de mourir dans un lit d'hôpital est dix fois plus élevé que dans son lit. S'il y a bien une corrélation entre le taux de mortalité et le fait d'aller à l'hôpital, la causalité est à chercher du côté de la maladie et non de l'hôpital.
Des psychologues de l'université de Pennsylvanie ont donc cherché à établir un lien de causalité entre sentiment de mal-être et solitude et trois grands réseaux sociaux. Pour cela, ils se sont détourné des questionnaires et expériences habituelles pour analyser les pratiques réelles de la vie quotidienne de 143 jeunes âgés de 18 à 22 ans. Ces derniers ont été répartis en deux groupes : l'un utilisant les réseaux sociaux sans restriction, l'autre ne pouvant y passer pas plus de 10 minutes par jour. Les chercheurs ont examiné sept indicateurs de bien-être au terme des trois semaines de l'étude. Il en résulte qu'un usage modéré des réseaux sociaux réduit significativement les sentiments de dépression et solitude. Cela peut sembler d'emblée paradoxal qu'une diminution des interactions sociales réduise la solitude. Mais la responsable de l'étude, la psychologue Melissa Hunt propose l'interprétation suivante : les réseaux sociaux pousseraient les étudiants à la comparaison sociale. Ces derniers trouveraient leur vie moins intéressante que celle des autres. L'échantillon du public et des réseaux sociaux retenus ne permettent pas de tirer des généralisations mais cela permet cependant de s'interroger sur les effets potentiellement néfastes et paradoxaux des réseaux sociaux. D'après l'article de Hugo Abandea publié dans Sciences Humaines n°311 de février 2019 basé sur la parution suivante : Melissa Hunt et al., "No more FOMO, Limiting social media decreases loneliness and depression", Journal of Social and clinical Psychology, vol. 37, n°10, 2018
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AuteurPierre-André Beley, psychosociologue et Gestalt-thérapeute, praticien en psychothérapie à Strasbourg. Archives
Septembre 2023
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