PIERRE-ANDRÉ BELEY, GESTALT-THÉRAPEUTE, PSYCHOTHÉRAPIE ET PSYCHOSOCIOLOGIE À STRASBOURG
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Que sont les Emotions?

12/19/2017

1 Commentaire

 
Cela semble être une évidence et pourtant. Le discours ambiant leur donne une place de plus en plus visible, les stages de formation à la gestion des émotions se multiplient, de nombreux courants de psychothérapie leur accordent une importance capitale, le monde de l'entreprise s'y intéresse également mais de quoi parlons-nous au juste ?

Qu'est-ce qu'une émotion ?

  • l'émotion est un mouvement réactionnel, un changement d'état interne, généralement brusque et momentané, qui génère un comportement en lien avec la source de l'émotion. L'émotion est donc une réaction, toujours en lien avec un changement de l'environnement.
  • L'émotion est un phénomène surtout corporel : elle agite le corps.
  • L'émotion à une influence sur la pensée, la raison. Elle soutient ou perturbe les capacités cognitives.
Pour résumer, l'émotion est une réaction soudaine de tout notre organisme, avec des composantes physiologiques (notre corps), cognitives et psychiques (notre esprit, notre histoire) et comportementales (nos actions).
Les humains partageraient les émotions de bases avec les mammifères, de manière assez certaine avec les primates.

Les émotions se distinguent des sensations (comment les sens perçoivent des stimuli internes ou externes) et des sentiments (état affectif stable et durable, lié à des représentations. Mental et psychisme ont donc ici aussi un rôle important).
Cependant sensations, émotions et sentiments sont liées et se recouvrent, il peut-être difficile de les séparer, de les identifier de manière aussi théorique.

L'apprentissage émotionnel se fait dès l'enfance, quand les parents, les soignants de l'enfant mettent des mots sur ses agitations internes, apportent des réponses ajustées à ses pleurs, partagent leur propre ressenti dans une mesure qui ne soit pas envahissante.

          Un peu d'histoire

En Occident, depuis le philosophe français Descartes, raison et émotion s'opposent. Elles sont représentées comme inconciliables : le rationnel n'aurait rien à voir avec l'émotionnel et seul le rationnel est valorisé.
Des travaux récents ou plus anciens que l'on redécouvre, en philosophie, psychologie, psychothérapie et neurobiologie ont montré l'importance des émotions et le lien étroit et inextricable entre intellect et affect, la frontière trouble entre subjectivité et objectivité.
A côté du quotient intellectuel, censé mesurer les facultés cognitives pures, apparaissent des concepts d'intelligence émotionnelle, relationnelle...

          Facteurs culturels et sociologiques

​Le rapport aux émotions s'inscrit toujours dans une culture donnée, située géographiquement et sociologiquement : l'expression et le vécu émotionnels d'un italien et d'un japonnais, d'un aristocrate d'un agriculteur ou d'un ouvrier ont de fortes probabilités d'être très différents.
Pour certaines cultures, ne rien laisser paraître est primordial. Si n'existe aucun espace, où l'émotion peut se vivre, il y a un risque de perte de la capacité à ressentir, à discrimer les mouvements émotionnels.
« ça » s'agite, c'est gênant et «  ça »reste incompréhensible et/ou provoque des réactions elle-mêmes incompréhensibles, brutales ou inadaptées. L'anesthésie émotionnelle, le retrait de la situation (se placer en observateur) sont aussi des comportement possibles
Le genre va aussi avoir une influence non négligeable : les petits garçons ne pleurent pas, c'est bien connu, ils doivent laisser ça aux filles. Celles-ci sont en revanche rarement encouragées à exprimer leur colère, à revendiquer avec force.
Adultes, ces hommes pourront avoir tendance par habitude à avoir des réactions colériques dans des situations de peur ou de tristesse, là où les sanglots des femmes viendront masquer et éteindre la colère.
L'absence d' « apprentissage » des émotions et/ou leur répression peuvent générer une sorte de cécité ou de confusion émotionnelle, souvent gênante dans la relation aux autres.

La classification courante d'émotions « positives » ou « négatives » peuvent aussi avoir un effet inhibant : il serait « bien » ou « mal » de ressentir telle ou telle chose ? Il est important de requestionner ces évidences, faites de jugements et de normes sociales, qui privent de ces précieux indicateurs que sont les émotions, qu'elles soient agréables ou désagréables.
Ressentir de la colère ou de la tristesse n'est pas négatif en soi mais c'est possiblement désagréable pour soi et pour les autres. Ce qui est à trouver n'est pas une stratégie pour s'empêcher de ressentir mais peut-être plutôt une façon de ressentir, exprimer ou transformer de manière satisfaisante et toujours renouvelée en fonction du contexte, pour soi et les autres, ces émotions certes encombrantes mais utiles.

          Le rôle de l'empathie

Le concept originel (« Einfülhung ») qui vient de la philosophie allemande de la fin du 19e siècle.
Il est au croisement de plusieurs disciplines : éthologie, psychologie, sociologie et aujourd'hui neurologie avec la découverte des neurones miroirs. Chacune apporte son éclairage et sa théorie sur la capacité à se mettre à la place de l'autre, à la comprendre ou le percevoir. 
Le rôle des émotions semble faire consensus dans cette capacité. Plus la capacité à percevoir, discriminer ses propres émotions, plus une compréhension « intuitive » de l'autre serait facilitée.
« Je ne peux pas me mettre à la place de l'autre, ni ressentir exactement ce qu'il ressent mais une écoute attentive qui passe aussi par le ressenti corporel et les émotions, me permet de m'approcher au plus près possible de l'expérience de l'autre. Même si fondamentalement celle-ci m'échappera toujours. »

          Les quatre grandes théories sur les émotions

Il existe quatre hypothèses principales pour expliquer les émotions.
Différentes, chacune avec des zones d'incohérences et partiellement contradictoires entre elles, elles peuvent néanmoins apporter un éclairage complémentaire. Elles se retrouvent d'ailleurs dans lignes précédentes.


  • la théorie évolutionniste : dans la suite de C. Darwin, les psychologues évolutionnistes pensent que les émotions sont le fruit de la sélection naturelle. Elles sont un atout pour la reproduction et la survie, elles se déclenchent dans les situations d'enjeu vital en terme de survie ou de statut.
  • la théorie physiologiste : W. James, psychologue et philosophe américain a renversé l'ordre de cause à effet concernant les émotions. Il est communément admis que nous pleurons parce que nous triste. Pour W. James, c'est exactement l'inverse : nous sommes triste parce que nous pleurons. C'est le corps qui prime sur le mental. Cela peut sembler surprenant mais il est possible que nous en ayons fait l'expérience : quand il a fallu agir d'urgence pour échapper à un accident de voiture, rattraper un enfant risque de se faire renverser, nous avons agi spontanément et c'est seulement après que survient l'émotion de peur. Cette théorie laisse donc une grande place aux sensations comme « marqueurs somatiques » : le corps renseigne l'esprit : ce qui apparaît comme rationnel a un substrat majoritairement corporel et émotionnel. L'hypothèse des marqueurs somatiques est portée par A. R. Damasio.
  • L'hypothèse cognitiviste : elle postule exactement le contraire de l'hypothèse précédente. Pour les psychothérapeutes cognitivistes, nous sommes émus parce que nous pensons. Nos expériences passées nous ont appris a reconnaître telle ou telle expérience comme agréable ou désagréable, nous ressentons alors de la joie, de la tristesse ou de la colère.
  • L'hypothèse culturaliste a été élaborée au départ par l'anthropologue américaine M. Mead. Pour elle, les émotions sont le fruit de la culture. L'émotion serait un rôle social appris, un comportement qui nous permettrait de vivre en société. Dans cette théorie, l'universalité des émotions n'est pas reconnue et chaque culture est susceptible d'avoir des émotions qui n'existerait pas ailleurs. Cette hypothèse est aujourd'hui la plus décriée. Elle présente néanmoins beaucoup d'intérêt si l'on accepte l'universalité des émotions fondamentales et la possibilité que les modes d'expression soient en revanche éminemment culturels.


Ces quatre théories vont donc apporter un manière différente de considérer les émotions.
La première va nous inciter à être attentifs aux émotions : elles nous sont utiles pour notre survie.
La seconde nous propose d'être attentifs à nos sensations corporelles, source des émotions qui sont à l'origine de nos décisions.
La troisième nous conseille de penser volontairement différemment pour contrôler nos émotions et nos comportements.
La dernière enfin nous invite à prendre en considération le contexte culturel dans lequel survient une émotion pour la comprendre.

Au lieu de n'en retenir qu'une, il est possible de tenir compte de chacune pour faire avec ce phénomène si complexe que sont les émotions.

          Combien y-a-t-il d'émotions ?

Nombreuses et diverses réponses à cette question.
C. Darwin dans son ouvrage sur l'universalité des émotions humaines en a décrit 6, d'autres auteurs en comptent 16 voire une infinité selon leur intensité, les combinaisons. Il est en effet possible de ressentir plusieurs émotions en même temps.
Cependant une émotion domine toujours par son intensité.

Il semble possible de n'en garder que quatre qui font consensus et qui ont également la particularité d'être « contagieuse » : il s'agit de la colère, la tristesse, la joie, la peur. Une cinquième, la honte, qui a souvent une place à part. 

          Bibliographie

LELORD, F. ; CHRISTOPHE, A. (2001) La force des émotions Paris : Odile Jacob
DAMASIO, R. A. (1995) L'erreur de Descartes, la raison des émotions Paris : Odile Jacob
TISSERON, S. (2005) Vérité et mensonges de nos émotions Paris : Albin Michel

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1 Commentaire
SCHMITT
3/8/2018 22:52:28

merci pour ces explications très claires et compréhensibles !

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    Auteur

    Pierre-André Beley, psychosociologue et Gestalt-thérapeute, praticien en psychothérapie à Strasbourg.

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