Ou comment dire les différences théoriques par la caricature et l'absurde et égratigner avec égalité les psychothérapies au passage.
A Strasbourg, ou peut-être ailleurs, trois amis souffrent d'énurésie. Ils voudraient régler ce problème de pipi au lit et comme aucune origine physiologique n'a pu être trouvée, ils décident donc d'entreprendre une psychothérapie. Mais vers quel courant, quel professionnel se tourner ? La première personne choisit un psychothérapeute pratiquant les thérapies comportementales et cognitives, la seconde préfère un psychanalyste et la troisième un psychothérapeute gestaliste. Elles entament leur thérapie et se retrouvent quelques temps plus tard pour partager leurs expérience et faire le point sur l'évolution de leur situation. - Ah, les amis, les TCC, c'est super! - Vraiment ? - Ah, oui ! Bon... pour l'instant, je continue à faire pipi au lit mais j'ai trouvé une solution : je mets des couches. Et vous alors ? - Ah, les amis, la psychanalyse, c'est super ! - Vraiment ? - Ah oui ! Bon... pour l'instant, je continue à faire pipi au lit mais maintenant je sais pourquoi : c'est à cause de ma mère. Et toi, alors ? - Ah, les amis, la Gestalt-thérapie, c'est super ! - Vraiment ? - Ah oui ! Bon... pour l'instant, je continue à faire pipi au lit mais maintenant je le vis mieux : je m'accepte comme je suis. L'histoire s'arrête là et ne dit pas si les amis ont continué leur thérapie et s'ils ont réglé leur problème.
1 Commentaire
La question faussement naïve ou provocatrice de Claude Coquelle peut prêter à sourire si l'on ne connaît pas l'opposition historique de la psychologie et de la sociologie. Les deux disciplines se sont longtemps construites l'une contre l'autre dans une logique d'exclusion réciproque.
La psychosociologie et la sociologie clinique défendent une position qui postulent que la construction identitaire humaine, la subjectivité ne peuvent se résumer uniquement soit au seul développement psychique soit au déterminisme social. Quelles incidences dans le champ de la psychothérapie ? L'ouvrage collectif La part de social en nous, sociologie clinique et psychothérapies est une invitation à une clinique de la complexité. Une réflexion sur l'accompagnement thérapeutique de la personne humaine, entité globale bio-psycho-sociale, dont chacune de ces trois dimensions comptent dans son parcours de vie et donc de psychothérapie. Il ne s'agit pas de faire une synthèse fade et incohérente des différentes disciplines mais au contraire d'enrichir la pratique d'une dimension d'écoute supplémentaire tout en permettant au praticien de garder son courant singulier : des chapitres rédigés par une psychanalyste, un Gestalt-thérapeute, un systémicien et d'autres psychothérapeutes illustrent comment l'apport de la sociologie clinique ouvre à des questionnements importants et des possibilités de changements pour les patients. Questionnements qui n'auraient peut-être pas été entendus, abordés ou travaillés sans cette écoute plus attentive tournée vers le social : l'histoire de la personne et son histoire familiale ne s'entendent plus que du côté des relations interpersonnelles, du développement psycho-affectif mais aussi dans une approche plus sociologique : par exemple, la honte des origines sociales peut créer des difficultés relationnelles et professionnelles quand bien même la famille et les parents ont été attentifs et aimants. Les normes de notre société hypermoderne s'infiltrent également dans la thérapie : les représentations de genre (qu'est-ce qu'être un homme ou une femme aujourd'hui ?), la quasi injonction au bonheur et à un développement personnel continuel... A condition d'en être conscient, la thérapie est aussi un lieu où ces évidences peuvent se remettre en cause et ainsi ouvrir la possibilité d'accepter ces normes, peut-être sans en être dupe ou de se les approprier dans une mesure non souffrante pour soi et pour les autres ou d'imaginer encore d'autres options. L'ouvrage, plutôt à destination des professionnels, ouvre de nouvelles perspectives à tous les professionnels de la relation d'aide, aux psychothérapeutes et psychanalystes, pour leur permettre de mieux intégrer dans leur pratique la part de social en nous. La parution est récente, des conférences avec les auteurs ont été organisées dans différentes villes, mais à ce jour, aucun passage par Strasbourg n'est annoncé. DE GAULEJAC, V. ; COQUELLE, C. (sous la direction de). 2017. La part de social en nous Sociologie clinique et psychothérapie, Toulouse, Erès. www.editions-eres.com/ouvrage/4092/la-part-de-social-en-nous Cela semble être une évidence et pourtant. Le discours ambiant leur donne une place de plus en plus visible, les stages de formation à la gestion des émotions se multiplient, de nombreux courants de psychothérapie leur accordent une importance capitale, le monde de l'entreprise s'y intéresse également mais de quoi parlons-nous au juste ?
Qu'est-ce qu'une émotion ?
Les humains partageraient les émotions de bases avec les mammifères, de manière assez certaine avec les primates. Les émotions se distinguent des sensations (comment les sens perçoivent des stimuli internes ou externes) et des sentiments (état affectif stable et durable, lié à des représentations. Mental et psychisme ont donc ici aussi un rôle important). Cependant sensations, émotions et sentiments sont liées et se recouvrent, il peut-être difficile de les séparer, de les identifier de manière aussi théorique. L'apprentissage émotionnel se fait dès l'enfance, quand les parents, les soignants de l'enfant mettent des mots sur ses agitations internes, apportent des réponses ajustées à ses pleurs, partagent leur propre ressenti dans une mesure qui ne soit pas envahissante. Un peu d'histoire En Occident, depuis le philosophe français Descartes, raison et émotion s'opposent. Elles sont représentées comme inconciliables : le rationnel n'aurait rien à voir avec l'émotionnel et seul le rationnel est valorisé. Des travaux récents ou plus anciens que l'on redécouvre, en philosophie, psychologie, psychothérapie et neurobiologie ont montré l'importance des émotions et le lien étroit et inextricable entre intellect et affect, la frontière trouble entre subjectivité et objectivité. A côté du quotient intellectuel, censé mesurer les facultés cognitives pures, apparaissent des concepts d'intelligence émotionnelle, relationnelle... Facteurs culturels et sociologiques Le rapport aux émotions s'inscrit toujours dans une culture donnée, située géographiquement et sociologiquement : l'expression et le vécu émotionnels d'un italien et d'un japonnais, d'un aristocrate d'un agriculteur ou d'un ouvrier ont de fortes probabilités d'être très différents. Pour certaines cultures, ne rien laisser paraître est primordial. Si n'existe aucun espace, où l'émotion peut se vivre, il y a un risque de perte de la capacité à ressentir, à discrimer les mouvements émotionnels. « ça » s'agite, c'est gênant et « ça »reste incompréhensible et/ou provoque des réactions elle-mêmes incompréhensibles, brutales ou inadaptées. L'anesthésie émotionnelle, le retrait de la situation (se placer en observateur) sont aussi des comportement possibles Le genre va aussi avoir une influence non négligeable : les petits garçons ne pleurent pas, c'est bien connu, ils doivent laisser ça aux filles. Celles-ci sont en revanche rarement encouragées à exprimer leur colère, à revendiquer avec force. Adultes, ces hommes pourront avoir tendance par habitude à avoir des réactions colériques dans des situations de peur ou de tristesse, là où les sanglots des femmes viendront masquer et éteindre la colère. L'absence d' « apprentissage » des émotions et/ou leur répression peuvent générer une sorte de cécité ou de confusion émotionnelle, souvent gênante dans la relation aux autres. La classification courante d'émotions « positives » ou « négatives » peuvent aussi avoir un effet inhibant : il serait « bien » ou « mal » de ressentir telle ou telle chose ? Il est important de requestionner ces évidences, faites de jugements et de normes sociales, qui privent de ces précieux indicateurs que sont les émotions, qu'elles soient agréables ou désagréables. Ressentir de la colère ou de la tristesse n'est pas négatif en soi mais c'est possiblement désagréable pour soi et pour les autres. Ce qui est à trouver n'est pas une stratégie pour s'empêcher de ressentir mais peut-être plutôt une façon de ressentir, exprimer ou transformer de manière satisfaisante et toujours renouvelée en fonction du contexte, pour soi et les autres, ces émotions certes encombrantes mais utiles. Le rôle de l'empathie Le concept originel (« Einfülhung ») qui vient de la philosophie allemande de la fin du 19e siècle. Il est au croisement de plusieurs disciplines : éthologie, psychologie, sociologie et aujourd'hui neurologie avec la découverte des neurones miroirs. Chacune apporte son éclairage et sa théorie sur la capacité à se mettre à la place de l'autre, à la comprendre ou le percevoir. Le rôle des émotions semble faire consensus dans cette capacité. Plus la capacité à percevoir, discriminer ses propres émotions, plus une compréhension « intuitive » de l'autre serait facilitée. « Je ne peux pas me mettre à la place de l'autre, ni ressentir exactement ce qu'il ressent mais une écoute attentive qui passe aussi par le ressenti corporel et les émotions, me permet de m'approcher au plus près possible de l'expérience de l'autre. Même si fondamentalement celle-ci m'échappera toujours. » Les quatre grandes théories sur les émotions Il existe quatre hypothèses principales pour expliquer les émotions. Différentes, chacune avec des zones d'incohérences et partiellement contradictoires entre elles, elles peuvent néanmoins apporter un éclairage complémentaire. Elles se retrouvent d'ailleurs dans lignes précédentes.
Ces quatre théories vont donc apporter un manière différente de considérer les émotions. La première va nous inciter à être attentifs aux émotions : elles nous sont utiles pour notre survie. La seconde nous propose d'être attentifs à nos sensations corporelles, source des émotions qui sont à l'origine de nos décisions. La troisième nous conseille de penser volontairement différemment pour contrôler nos émotions et nos comportements. La dernière enfin nous invite à prendre en considération le contexte culturel dans lequel survient une émotion pour la comprendre. Au lieu de n'en retenir qu'une, il est possible de tenir compte de chacune pour faire avec ce phénomène si complexe que sont les émotions. Combien y-a-t-il d'émotions ? Nombreuses et diverses réponses à cette question. C. Darwin dans son ouvrage sur l'universalité des émotions humaines en a décrit 6, d'autres auteurs en comptent 16 voire une infinité selon leur intensité, les combinaisons. Il est en effet possible de ressentir plusieurs émotions en même temps. Cependant une émotion domine toujours par son intensité. Il semble possible de n'en garder que quatre qui font consensus et qui ont également la particularité d'être « contagieuse » : il s'agit de la colère, la tristesse, la joie, la peur. Une cinquième, la honte, qui a souvent une place à part. Bibliographie LELORD, F. ; CHRISTOPHE, A. (2001) La force des émotions Paris : Odile Jacob DAMASIO, R. A. (1995) L'erreur de Descartes, la raison des émotions Paris : Odile Jacob TISSERON, S. (2005) Vérité et mensonges de nos émotions Paris : Albin Michel Pour la rentrée, une conférence intéressante mais très dense et jargonnante que la beauté de la langue italienne peut compenser.
Conférence à visionner sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=4PUdF9RHzqw Sur le diagnostic en psychothérapie et les différentes conceptions de la psychopathologie G. Franchesetti En psychothérapie Gestalt, nous avons des diagnotics externes : le DSM, les types psychologiques de Jung et les autres catégories qui sont des diagnostics extrinsèques qui reposent sur le rapport entre ce que je vois et un modèle extérieur. Le diagnotic intrinsèque ou esthétique est le diagnostic de la qualité de présence ou d'absence qui se produit dans l'ici et maintenant. Je me réfère à mes sens quand le patient et moi sommes présents l'un à l'autre et la psychopathologie en termes gestaltistes est l'absence parce que la santé est une présence pleine et entière. C'est différent de l'idée de la médecine dans laquelle la santé est l'absence de douleur. Parce qu'en psychopathologie, l'absence de douleur est aussi une pathologie : l'anesthésie. Et c'est une situation pathologique. Etre « sain » au sens gestaltiste signifie être pleinement présent avec nos sens, à ce qui arrive dans la situation du moment. La Psychopathologie se décline donc comme une absence. Sur la relation thérapeutique et le rapport au passé, comparé entre la Gestalt-thérapie et la psychanalyse M Spagnuolo-Lobb Les fondateurs de la Gestalt-thérapie étaient tous psychanalystes. En réalité, c'est une réédition des concepts de transfert et de contre-transfert qui sont centraux dans la relation thérapeutique. Nous devons remercier Freud pour avoir focalisé l'attention de l'analyste sur ce qui arrive entre le thérapeute et le patient. Mais dans une approche phénoménologique, à la différence d'une approche analytique, nous nous occupons de l’expérience actuelle du patient et du thérapeute. C'est pourquoi lorsqu'un patient dit au psychothérapeute : vous me rappelez mon père parce qu'il a une barbe : ta barbe me rappelle mon père, cela n'est pas pour nous un moyen d'analyser le passé du patient. Le passé nous intéresse mais dans la façon dont il s'actualise dans le présent. Donc nous nous demandons de quelle façon le patient cherche-t-il à me dire quelque chose, à moi, le thérapeute. Dans cet instant non pas ce qu'il n'a pas dit à son père ; non pas ce qu'il devrait dire à son père mais ce qu'il voudrait dire en étant conscient de la différence que porte cet instant, de sa nouveauté. Donc c'est c'est dans l'ici et maintenant que vient le changement, ce n'est pas en analysant le passé, pas en cherchant pourquoi le patient évoque tel élément du passé, c'est en regardant comment cet élément du passé l'amène à former une gestalt. Autrement dit, le présent est l'occasion de clore d'une façon nouvelle quelque chose qui est resté ouvert dans le passé. Sur le rapport au ressenti et l'implication du psychothérapeute G. Franchesetti Que rencontre un patient lorsqu'il entre dans le cabinet d'un gestaltiste ? Il rencontre un thérapeute qui a les sens en éveil à ce qui advient . Qui met l'accent sur le ressenti corporel et au vécu du patient plutôt que sur des catégories de classification préconçues, qu'elles soient de type sémiotiques ou herméneutiques. Son orientation est donc esthétique. Il rencontre un thérapeute qui s'implique car ce n'est pas seulement le ressenti et le vécu du patient mais ce sont aussi mon ressenti et mon vécu qui sont en jeu. C'est donc un thérapeute impliqué. Le thérapeute soutient ce qui émerge de l'intentionnalité du patient, la souffrance nait dans la distorsion de l'intentionnalité. Cela veut dire que l'on est en vis à vis, que l'on peut se déplacer. Cela signifie que ce sont des expériences de type corporelle, qui ont a voir avec la distance, la proximité. Cela signifie que l'on peut se toucher mais dans le sens où ces expériences corporelles visent toujours à soutenir une plus grande présence du patient à la frontière-contact. Une conception de la frontière-contact parmi d'autres Pietro-Andrea Cavaleri Pour comprendre la psychanalyse, on doit faire référence à l'inconscient. Pour comprendre la Gestalt-thérapie, on doit faire référence au concept de frontière contact. L'inconscient est à la psychanalyse ce que la frontière contact est à la gestalt-thérapie. Mais qu'est ce que la frontière-conctact ? La frontière contact, selon Perls, n'est pas quelque chose de transcendantal ou de métaphysique, c'est quelque chose de très concret. C'est la peau, c'est la limite qui contient l'organisme et qui fait frontière avec ce qui n'est pas l'organisme, c'est à dire avec l’environnement. Cette limite est le ENTRE qui unit et qui sépare à la fois le corps et ce qui est à l'extérieur du corps. La peau, cette limite, ce « entre », est le lieu du mental c'est le lieu où selon Perls naît et s'organise le psychisme humain.Tout ce qui arrive à la frontière du moment où l'organisme se constitue jusqu'à la fin de nos jours, ce qui arrive là, cette organisation de l'interne et de l'externe, des expériences proprioceptives et perceptives, tout cela est à l'origine du psychisme humain. Lla façon dont tout cela s'organise détermine la santé mentale, la vie psychique, la souffrance psychique, détermine aussi la cure, la thérapie. Le champ phénoménologique dans la situation psychothérapique G. Franchesetti Le rapport au monde du patient et le rapport au monde du psychothérapeute co-construisent une réalité phénoménologique, c'est à dire à la fois réelle et changeante dans l'espace relationnel thérapeute-patient. Un autre exemple : si un patient arrive avec expérience dépressive, ce champ dépressif émerge dans l'espace thérapeutique : le temps ralentit, l'espace se dilate, et entre nous survient cet aspect essentiel du champ dépressif : le psychothérapeute et le patient ne se rejoignent pas. Ils vivront ici et maintenant l’inaccessibilité à l'autre. De là commence le voyage thérapeutique. Ce qui arrive est ce qui s'actualise. En ce sens la psychothérapie gestaltiste est phénoménologique parce qu'un phénomène émerge qui est le champ relationnel dans l’espace thérapeutique On dit parfois que la phénoménologie s'occupe de ce qui apparaît. Mais attention ce qui apparaît peut avoir deux sens : Un spatial, un temporel. Si je parle de ce qui apparaît dans un sens spatial, je dirais que vous pouvez voir ma chemise et non ma peau c'est à dire, seulement la couche extérieure. Mais à mon avis, ce n'est pas le sens de ce qui apparaît en phénoménologie parce que le sens originel du mot phénomène est ce qui apparaît quand nous nous tenons près du phénomène lui-même. Cela introduit la dimension temporelle. Ce qui apparaît dans un sens temporel, c'est ce qui prend vie, ce qui s'actualise, ce qui pousse et en ce sens qui apparaît. Accompagner, traverser l'expérience M Spagnuolo-Lobb Je crois que les méthodes et les théories sont comme des vêtements que l'on choisit au début de sa formation pour parvenir à un objectif commun.Je crois qu'un gestalt-thérapeute peut affronter et doit pouvoir affronter n'importe quel type de pathologie. Mais il est clair que l'approche que l'on a permet de clarifier certains désordres, au moins au début elle les rend plus familiers. Clairement ce n'est pas une formation nosographique. Travailler avec des troubles sévères dans l'instant présent comme nous le faisons, sur l'aspect esthétique demande une grande expérience. Alors que la formation psychiatrique, de type nosographique, rend le diagnostic plus facile parce qu'il se réfère à des critères externes. Pour nous le diagnostic nécessite une DIA GNOSE, c'est à dire une traversée de la connaissance qui nécessite une grande expérience du thérapeute.Pour nous tout passe à travers l'expérience, y compris celle du thérapeute. Traverser l'expérience psychotique, l'expérience borderline, est moins simple pour un thérapeute, dans la mesure où le thérapeute possède une structure névrotique. On peut ainsi distinguer ce qui plus simple au début de la formation. Mais il est clair que lorqsque le thérapeute traverse une connaissances des souffrances les plus graves, de type psychotique ou borderline, les possibilités données par l'approche phénoménologique et esthétique sont beaucoup plus grandes que dans l'approche nosographique parce qu'elle permet de se cramponner à cette personne là, ce qui est beaucoup plus efficace. C'est efficace aussi pour le thérapeute qui est plus satisfait et moins exposé au burn-out parce qu'il trouve dans la rencontre thérapeutique une motivation existentielle à accompagner la souffrance du patient pour la transformer en beauté. Strasbourg 2017 Gianni Francesetti est psychiatre, psychothérapeute gestaltiste et président de l’EAGT (European Association for Gestalt Therapy). Il exerce en Italie et a dirigé la mise en œuvre de l’ouvrage collectif « Psychopathologie en Gestalt-thérapie », paru en octobre 2013 aux Éditions de l’exprimerie. Il est spécialisé dans les dépressions, il a publié « l'absence est le pont entre nous. Gestalt-thérapie des expériences dépressives » et porte un regard empreint de sociologie sur la psychopathologie que l'on retrouve notamment dans son ouvrage « attaque de panique et postmodernité » Margherita Spagnuolo-Lobb est psychologue et psychothérapeute gestaltiste. Elle dirige, en Italie, l’Institut de Gestalt HCC. Elle est spécialisée dans les troubles de la personnalité, elle a publié « travailler avec des patients sévèrement perturbés » Pietro-Andrea Cavaleri est psychologue et psychothérapeute gestaltiste, également présent à l’Institut de Gestalt HCC. Fille ou garçon ? Ni l'un, ni l'autre ? ou les deux à la fois? Au fin fond de la province canadienne du Labrador, dans les années 70, la naissance d'un enfant crée la perplexité : est-ce un garçon ou une fille? Il faut bien trancher aux sens propre et figuré. Le récit nous donne à voir ce système familial qui s'organise autour de cet évènement et les années qui passent ; cet-te enfant qui se sent, se sait différent sans comprendre, le secret, le déni qui se mettent en place au sein du couple qui se délite, cette mère sombrant dans la mélancolie et le deuil impossible de sa fille, ce père qui veut faire de son fils, un homme conforme aux standards de l'époque. Malgré l’âpreté de ces existences émotionnellement frustres, les opérations douloureuses recommandées voire imposées par le corps médical et la pression sociale, la vie fait son chemin, des liens deviennent possibles et c'est finalement une histoire lumineuse pleine d'espoir pour cet-te enfant qui trouve-crée sa place d'adulte dans la communauté humaine. Au-delà de cette histoire si singulière émergent des questionnements quasi universels du rapport à la norme, à l'éducation, au genre, à la filiation... qui peuvent venir chatouiller les évidences. WINTER, Kathleen (2013) Annabel. Paris : Christian Bourgeois Anne Arthus-Bertrand nous dévoile son parcours personnel de psychothérapeute, sa formation, ses questionnements éthiques, son appropriation singulière de la théorie gestaltiste.
Quelques vignettes cliniques viennent illustrer cette rencontre particulière, ce tissage qu'est l'alliance thérapeutique et certains ressorts du processus de changement. Simple d'accès, lu en quelques heures, JE de miroirs peut être une première approche incarnée de la Gestalt-thérapie sans se plonger dans la théorie. ARTHUS-BERTRAND, A. (2010) JE de miroirs. Paris : Seuil En préface, la vision réjouissante, pleine d'humour et d'ironie de la relation thérapeutique par Irvin Yalom : "Cette rencontre, cœur de la psychothérapie, consiste en un contact affectueux, profondément humain entre deux êtres, l'un (généralement le patient, mais pas toujours) plus perturbé que l'autre. Le thérapeute a un double rôle : à la fois observer la vie de son patient et d'y participer. Observateur, il doit être suffisamment objectif pour fournir les conseils élémentaires au patient. Participant, il pénètre dans la vie du patient et peut être affecté, et même transformé par cette rencontre." Irvin Yalom, Le Bourreau de l'amour. Histoire de psychothérapie, Gallaade Editions, 2005, pour la traduction française. Si la Gestalt-thérapie a, dès son origine, laissé une place importante aux émotions - comme éléments de la Fonction ça et indicateurs précieux de la situation, les neurosciences abondent aujourd'hui aussi dans ce sens.
Contrairement à une idée courante qui veut qu'émotionnel et rationnel s'opposent, avoir une conscience claire et fine de ses émotions permet de prendre des décisions plus ajustées à l'expérience en cours car raison et émotions peuvent s'étayer l'une l'autre. Qualifiées agréables ou désagréables (et non positives ou négatives ce qui dénote une norme sociale), les émotions peuvent donc ne plus être l'apanage des psychothérapeutes et retrouver toute leur place dans le monde du travail. Pour plus de détails : lire l'article d'Ilios KOUTSOU "Ecouter nos émotions nous rend libres" dans Cerveau et Psycho n°89 de juin 2017 http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/a/article-couter-nos-emotions-nous-rend-libres-38445.php |
AuteurPierre-André Beley, psychosociologue et Gestalt-thérapeute, praticien en psychothérapie à Strasbourg. Archives
Septembre 2023
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